A la manière de plaques tectoniques qui, dans un mouvement séculaire, viendraient se percuter inexorablement, David Falco organise la collision de l’espace domestiqué - contrarié, assujetti ; avec l’espace naturel - irréductible et sublime. Des origines alpines auront durablement imprimé dans l’esprit de l’artiste le motif de cette montagne qui, inlassablement, rythme son œuvre. Sans doute est-ce un choc fondateur que de voir le dernier territoire d’inconnu tombé dans l’espace des rationalisations et des courtes vues.[...]
Le temps, préoccupation centrale de l’œuvre de David Falco, est un temps qui nous maintient en suspens, entre deux univers, au seuil de la catastrophe qui, patiemment, nous attend. Nous nous retrouvons intriqués, enchevêtrés dans les strates d’un espace suspendu au croisement de temps immémoriaux et de temps immédiats.[...]
Archéologies du futur, divinations du passé : interdépendances qui relient temps et espaces, et qui engagent aussi l’artiste dans une relecture permanente de son travail.Cette superposition des temps de recherche artistique, leur croisement avec le temps du monde, laisse entrevoir les possibles mutations formelles d’une œuvre en perpétuel devenir. Les images « potentielles » de David Falco, à la fois déstabilisées et solides, nous questionnent sur notre rapport au monde « sauvage » et invitent à un déplacement des regards. Ancrées au sol, elles nous incitent à « resolidifier » notre rapport au monde, et faire acte de résistance face à l’érosion d’un monde devenu liquide.
Emeline Dufrennoy, Janvier 2021 - Extraits d'un texte commandé par le Réseau documents d'artistes