Liam interrompt un dîner en tête-à-tête entre sa sœur Helen et son beau-frère. Le jeune homme couvert de sang raconte qu’il vient de porter secours dans la rue à un jeune immigré abandonné là par ses agresseurs. Le récit de Liam, visiblement bouleversé, est totalement décousu. Helen et Danny tentent d’en savoir plus sur les circonstances de cette étrange affaire, afin de pouvoir, peut-être, venir eux aussi en aide au jeune étranger. Au fil de la conversation, Liam change peu à peu sa version des faits et révèle finalement qu’il est directement lié à ce règlement de compte. Orphelins depuis l’enfance suite au décès accidentel de leurs parents, Liam et Helen sont extrêmement unis. Mais face à ce crime qui pénètre violemment leur intimité, certaines certitudes volent en éclat et les liens fraternels sont mis à l’épreuve de considérations morales et citoyennes tout aussi cruciales.
Rare auteur dramatique à s’essayer au genre du thriller pourtant propice à un récit captivant et à un portrait sans concession de la nature humaine, Dennis Kelly dépeint dans ses pièces la violence du monde urbain contemporain. Orphelins exprime ainsi nombre des fractures qui divisent nos sociétés : la force des solidarités individuelles face à la fragilité de la morale collective, l’intimité familiale opposée au « monde de la rue », le sentiment d’appartenance à une communauté et la xénophobie, la protection de soi et l’oppression de l’autre désigné indésirable.