Ève de France, plasticienne, explore des territoires conceptuels et physiques comme celui du temps, de l’espace, du corps, de symboles universaux et archétypaux, et crée des dispositifs à partir d’objets manufacturés ou qu’elle fabrique elle-même à partir de matériaux naturels.
Invitée par l’association Excit’œil à présenter une exposition au Moulin de la Baysse, l’artiste a souhaité « matérialiser les épaisseurs du Temps ». Prenant appui sur les qualités plastiques et sonores du moulin, son installation intitulée PULSE met en espace, en volumes et en sons différentes données temporelles. Mouvements lunaires, cycles menstruels et attraction terrestre sont ainsi matérialisés par des relevés graphiques, une sphère en terre crue ou encore une ligne hélicoïdale. Une pièce sonore, créée par le musicien Frédéric Petitprez sur bande magnétique, entre en dialogue avec ces éléments et le bruit de l’eau, et complète l’installation.
En abordant la question du temps à travers le prisme du corps féminin, des mouvements des astres et de la Terre, Ève de France met en perspective les différentes réalités temporelles et matérielles auxquelles nous sommes soumis ; elle nous permet de relativiser le temps conditionné par la productivité et nous invite à l’introspection.
« L’espace de l’œuvre et son mode opératoire sont les questions inhérentes à ma façon de construire l’œuvre et d’inviter l’autre à faire œuvre. Ma pratique s’inscrit dans le souhait d’une sculpture sociale possible. En créant des dispositifs de subjectivation comme des réceptacles à ce qu’il pourrait advenir, je conçois des espaces habités et à habiter. Les caractéristiques du lieu, de l’espace, de l’œuvre me permettent de déterminer les conditions de réalisation de cette dernière. J’utilise des objets manufacturés ou que je fabrique grâce à des techniques d’élaboration simples avec des matériaux naturels et/ou des formes de bricolage. Les dimensions de mon corps mettent à l’échelle ma production. J’explore des territoires conceptuels et physiques comme celui du temps, de l’espace, du corps, de symboles universaux et archétypaux en maintenant comme référentiel celui de l’immensité de mon environnement naturel et actuel en rapport avec celui de mon corps. J’inscris la dimension du cycle comme inhérent à ma démarche, mouvement immuable, fondateur dont l’inertie sourde nous inscrit jusque dans nos chairs, au même titre que la plante, l’étoile ou l’animal dans ce tissu complexe et interdépendant qu’est le Vivant. »
Eve de France