En 2019 et 2020, Louise Collet et Marc Pichelin sont allés à la rencontre des jardiniers des jardins ouvriers de Chamiers. Ils ont prélevés des témoignages, des images, des histoires sous forme de dessins, de gouaches, de photographies, de phonographies et de texte. Cet ensemble de matériaux a constitué la matière première du livre Les mains dans la terre (publication en mai 2024), mais également de l’exposition Les Jardinots présentée au Château des Izards en 2021 et en 2022 à la galerie 66 pour le festival Mimos.
Marc et Louise portent ce travail au plateau. Ils imaginent un spectacle à partir des témoignages qu’ils ont relevés et des images qu’ils ont réalisées sur les jardins. Les jardiniers parlent de leurs pratiques, de leurs techniques, de leur vie. Ils se sont livrés aux micros pendant que Louise Collet les a photographiés, puis dessinés.
La scénographie de ce spectacle est confiée au plasticien Joël Thépault. Il va construire un décor qui s’inspire de la réalité de ces jardins et qui prend en compte des matériaux collectés dans les parcelles.
La comédienne Clémentine Marchand rejoint l'équipe. Elle vient interroger le rapport entre le geste dessinée, l’apparition d’un dessin et la construction d’une image. Elle vient aussi poser sa voix.
L'expérience de terrain faite en amont nourrie les réflexions et les imaginaires. L'équipe s'inspire de cette réalité pour tirer les thématiques, les ambiances et les récits qui vont servir de base de réfléxion au projet.
La question essentielle et présente dans tous les spectacles de la Compagnie Ouïe/Dire est celle de la fabrication et de la présentation d’images au plateau. Comment l’image globale du plateau se compose et se joue collectivement à partir de différents éléments (image dessinée, image sonore, scénographie, présence et action des acteurs) qui ne se concurrencent pas, ni ne s’asservissent les uns aux autres ? Comment un propos, une narration, une dramaturgie sont partagés et nourris collectivement à partir des particularités de chaque discipline ?
Au théâtre tout est illusion. Le dessin est une tricherie. Alors ne nous privons pas, les spectateurs sont nos complices.

Depuis sa fondation en 1994, Ouïe/Dire réalise un travail original de création à entendre. Concerts, spectacles, expositions, projets de résidence, projets éditoriaux, la compagnie invente des aventures artistiques centrées sur l’écoute tout en multipliant des relations avec la photographie, le dessin, la vidéo, l’écriture, la bande dessinée…

Ouïe/Dire se définit aujourd’hui comme une compagnie d’art sonore et depuis ses débuts développe un art de la phonographie, un art de l’image sonore. La phonographie est envisagée ici comme un art de la relation et du partage d’une écoute. Relations avec les paysages, avec les gens ou avec les activités humaines ou non humaines. Partage d’une écoute avec la musique mais aussi avec les arts visuels et l’écriture.

Les projets de la compagnie sont essentiellement en lien avec le réel. Les artistes s’engagent dans une observation du quotidien, dans une exploration de l’ordinaire. Ils proposent une perception du monde tel qu’il est. Le catalogue Ouïe/Dire est le reflet de cette approche diverse, il contient des cartes postales sonores, des livres-CD mais aussi des livres d’images, des albums de bandes dessinées et des objets DVD.