Depuis 2019, Nathalie Joffre développe un vaste projet de recherche et de création autour des sites préhistoriques ornés, sous la forme d’expositions, de résidences, de podcasts et entretiens, de publications théoriques et de workshops.
A l’image d’une exploration à la fois scientifique et imaginaire, l’exposition invite à suivre les pas de l’artiste dans ses recherches et ses découvertes.
C’est à la grotte de Lascaux, dont l’originale est aujourd’hui invisible, que l’artiste s’est tout d’abord intéressée. Sa démarche part de documents archéologiques, d’entretiens avec des scientifiques mais aussi de ses propres collectes de végétaux et minéraux autour des grottes qu’elle aborde comme des écosystèmes vivants, sources d’un imaginaire au potentiel infini. C’est à leur contact que l’artiste affirme avoir renouvelé son rapport aux images.
Dans un contexte contemporain de saturation visuelle, les grottes préhistoriques constituent pour elle des refuges, capables de générer de nouvelles apparitions toujours en lien avec le vivant.
L’exposition “Tracing papers” retrace l’exploration de Nathalie Joffre sous la forme d’une installation mêlant sculptures, maquettes, vidéos 3D, dessins et photographies présentée au Pôle d’interprétation de la Préhistoire.
« Nathalie Joffre tourne autour des gravures et des peintures paléolithiques de Lascaux comme autour d’une origine absente. Elle en poursuit la trace dans les relevés exécutés par l’abbé André Glory entre 1953 et 1963, l’écho dans des fragments naturels du territoire environnant. Ce faisant, la grotte de Lascaux, auréolée de sacré par sa fermeture même, fait figure de métaphore de la condition des images en général : dans leur principe, celles-ci procèdent du sentiment d’un manque originel ; partant de ce manque, elles s’efforcent de transformer les apparences en apparitions, expressions de notre inquiétude et de notre fascination face à la fragilité du réel. Cette pensée de l’image est consubstantielle à l’invention de l’idée de préhistoire, qui accueille en son cœur, depuis le XIXe siècle, une quête impossible de l’apparition de la première image. Les grottes ornées en sont aujourd’hui les gardiennes privilégiées. Inaccessibles, elles agissent pour nous comme un antidote quasi magique à la prolifération moderne d’images dont l’aura se désagrège à proportion de leur inflation maladive. Cet antidote, les installations de Nathalie Joffre visent à l’activer en proposant, à partir de Lascaux, une pensée de l’image comme apparition évanescente, sur fond d’absence et de mystère. »
Rémi Labrusse, historien de l’art
Biographie
Nathalie Joffre vit à Paris. Après des études en économie puis en histoire de l’art et photographie à Paris, Amiens et Londres, elle développe un travail en photographie, vidéo et installation autour des gestes archéologiques. Ses œuvres ont été notamment exposées en France et à l’étranger et ont reçu plusieurs prix et bourses (Sproxton Award Photography London, Prix ICART Paris, NEARCH, KML foundation…).
Site web de Nathalie Joffre