« En passant par la route divine »
Un séjour en résidence. Trois phases, trois saisons.
Boris CHOUVELLON, artiste nomade, doit être un des meilleurs connaisseurs du château - et bien au-delà.
« Mon but est d’opérer des déplacements et des déconnexions, qui en même temps amènent des fragments du monde vers une dimension imaginaire, onirique, et en révèlent aussi l’état. Je tente de reproduire une représentation de la ruine moderne où se greffent aussi bien zones agricoles, industrielles, commerciales, et zones de construction à l'abandon, oubliées. Ce processus est à chaque fois une expérience tendue, sur le fil du rasoir, proche du déséquilibre où je tente d'éviter l'enfermement qu'engendre la répétition des formes et des motifs.»
De ces matériaux divers et de ces assemblages inattendus, se dégagent une poésie particulière, des traces d’humour et d’absurde, une atmosphère parfois mélancolique qui peut engendrer des interrogations, voire un léger malaise.
Imagine-t-on Boris Chouvellon découvrir de tels éléments, en tirer de telles associations, au cours d’une résidence à l’abri du château très sage de Monbazillac, entouré de ses vignes si bien alignées ?
De septembre 2022 à mai 2023, il a réalisé la résidence en trois temps, pour trois saisons d’exploration. Lorsque Boris Chouvellon s’installe, il marche longtemps, traverse les espaces périphériques, repère l’inattendu, photographie. Dans les vignes, il découvre des potences aujourd’hui inutilisées suggestives d’autres habitudes. Au-delà des vignes, une frontière invisible l’introduit dans une zone périurbaine mutante : l’aéroport, un magasin de meubles abandonné, devant une usine de transformation de conserves de coulis où il observe le balais des camions bennes chargés de tomates, dans une casse automobile, au pied du squelette d’un château d’eau jouxtant une poudrerie… Autant de signifiants dessinant les prémices d’œuvres.
Le monde du voyage et du tourisme côtoie celui des incertitudes, au pied d’un site patrimonial. « C’est souvent intéressant de se trouver dans un lieu « carré » et d’aller à l’encontre de cet endroit. C’est à l’opposé de ce qui apparaît en premier lieu que les découvertes intéressantes fonctionnent. »
Résider, passer du temps, c’est aussi rencontrer. Les discussions avec les vignerons, leurs explications autour des cuves impressionnantes en inox et en béton de la cave de Monbazillac, le travail avec les différentes sections du lycée des métiers Hélène Duc à Bergerac font partie des événements et des inflexions de ce séjour particulier.
Les Rives de l’Art