Bernat Combi
Combi c'est le chant d'une terre rude, humide, qui colle à l'âme, qui file le spleen, la mélancolie, le blues. L'homme chante en Occitan, traduit Jean Yanne ou Cioran, rapproche Marcella Delpastre d'un chef indien, convoque Tom Waits ou un poète slave dans un chant halluciné. Ses compagnons de route sont rocks, jazzeux, trads. Une voix unique. La caméra suit le poète, l'artiste, le sorcier sous le ciel gris du limousin dans une Occitanie ou l'on croise Jan Dau Melhau et Woody Allen, Pau Lois Granier et Confucius, une petite troupe de théâtre, une serre bricolée, une touffe de pissenlits, une cohorte de chats, des musiciens corréziens, un guitariste New Yorkais. Bref un film rural puisque le rural c'est le global moins les murs.
Film-documentaire
Laus Dau Gaug (Eloge du pissenlit) est un film sur un monde qui s'efface, s'évanouit. Jean-Louis Maury a suivi pendant des mois Bernat Combi. Personnage central de ce documentaire, artiste bûcheron, musicien des chemins de traverse, poète plus haut que son QI, cuisinier de barbecue, jardinier de la pleine lune, conteur de bons amis, videur de greniers, jongleur de poèmes, occitanophone monomaniaque, Babau du Mont Gargan, Combi n'a pas de portable, pas d'ordinateur, il roule avec une poubelle, pense que les clous et le scotch sont des outils suffisants, passe des heures au milieu de bouquins et d'instruments de musique. Chaman des forêts Corréziennes, showman agricole, l'occitan est son âme, son arme. Laus Dau Gaug est un film documentaire sur la ruralité, la poésie du champ, le chant des campagnes, l'art de la tronçonneuse et le cantique du gasoil. Les musiques sont combiesques. A consommer avec modération et avec un jus de vigne fermenté. On peut amener son verre.
1ère rencontre du réalisateur Jean-Louis Maury avec Bernat Combi
Bernat Combi je l’ai connu il y a une vingtaine d’années, un soir de grand vent au Studio St Amand. Il y avait un équipage affuté et la soirée se termina tôt vers cinq heures du matin. Combi avait chanté à Capella pendant trois heures en ventilant sans cesse son diatonique et Olivier avait tourné la vielle sans interruption, ils pourraient brancher une dynamo et revendre le courant à EDF mais ces deux-là ne sont pas intéressés par l’argent. Depuis cette soirée nous avons échangé des poèmes, des cacahuètes, des films, des verres, des aphorismes, des verres, des rires et des verres. J’ai fait ce film « Laus Dau Gaug ». J’ai suivi Bernat pendant deux ans. C’est des bouts de vie au travers de sa musique et de son occitanéité. Les pieds plantés dans sa terre limousine il gueule la glaise chuchote les sous-bois crache les fougères maudit les psalmodies encule les renoncules. Osons. Il ose. Combi est une bibliothèque savante rurale branchée sur le cosmos. Loin des Ayatolocs il traduit Coluche et Nazim Hikmet en occitan, dit Delpastre en jouant des percus numériques. Olivier Peyrat oudiste et vielliste dit de son complice qu’il est le plus grand chanteur au-dessus du niveau de la mer. Je suis d’accord avec ça. Frank Galmiche le compositeur des musiques pense que Combi est le plus grand chanteur en dessous de la ligne de Karman. Je suis d’accord avec ça. Les soirées « Autour de Combi » au Séchoir d’Aillac et à Bourdeilles sont programmées par solidarité avec l’artiste Ocvni qui nous reviendra bientôt.