"Ma maison" / Cie Marlène Rubinelli-Giordano l’MRG’ée
Art de la piste (Compagnie associée à l’Agora, PNC Boulazac)
Toutes les maisons sont miennes sans qu’aucune m’appartienne. Plusieurs toits, toujours chez moi, jamais à la maison. Toutes les maisons m’appartiennent sans qu’aucune soit mienne. Pas un seul toit, jamais chez moi toujours à la maison. La maison est un abri à mes vagabondages. Elle rassemble mes membres et contient mon corps. Lorsque je veux fuir, elle se fait forteresse, elle restreint mon corps et mon cœur cherche une porte pour s’en échapper. Ma maison pourrait être une valise, mes bottes à fermetures éclair toujours ouvertes, une chapka en hiver, le chapiteau, ma chatte Bô dans le coffre de ma Volvo, mon thermos et mon maté, mes fringues éparpillées, le soleil sur ma peau en été.
L’instabilité de mon enfance est mon nomadisme de femme. Ma maison, je la fais de tubes de métal. Elle est si petite que ma tête dépasse, si légère que je la transporte sur mon dos. Elle n’a pas de mur, elle est vide. Barres de métal fines fines fines quand elle prend vie sous mes doigts ma maison frémit quand je m’y suspends, vit sous moi quand je roule sur son toit. Mon corps s’y promène, s’y agrippe et s’y frotte. Mes errances lui arrachent des craquements, elle bouge dangereusement quand je m’y accroche, se met à trembler pour que je décroche.
"Hune" / Cie Paon dans le Ciment (ANNULE)
Pluridisciplinaire (Artistes compagnons de l’Odyssée, scène conventionnée d’intérêt national « Art et création »)
Trois personnes ont pris place dans les marches d’un escalier, chacun pour des raisons différentes ; ils se sont arrêtés.
Tout à coup le doute les a saisis, la peur de ne pas aller dans la bonne direction. Ou peut-être, la peur de se retrouver seul. Seuls au milieu des autres, avec cette désagréable impression de ne pas être à leurs places. Car ils n’en ont pas de place, c’est pour cela que l’escalier devient leur espace vital. Ils n’ont nulle part ou aller, nul endroit ne leur conviendraient mieux qu’ici. Juste là, dans le passage, dans le flux, entre le bas et le haut, plus largement entre la vie et la mort. Sans désir, sans but, c’est alors qu’ils vont pouvoir se rencontrer.
De cette découverte de l’autre va naître à nouveau le désir de se tenir debout, de marcher, même de jouer. Comme des enfants ils prennent gout au mouvement, d’abord ils s’effondrent sur eux mêmes, puis progressivement en se soutenant, en se donnant la force, ils affrontent ensemble les marches de leur escalier. Petit à petit ils défont les liens qui les tiennent attachés à leurs passés, ils se délivrent et font peau neuve réaffirmant leurs désirs de faire front ensemble et de ne plus tomber seul.