En chantier, la cité donne l’impression d’une ville fantôme proche des westerns américains, d’où se dégage une ambiance presque surnaturelle.
L’exposition se déroule comme une « pérégrination rêveuse » de 24 heures dans le quartier.
Scindée en deux, avec un côté « jour » très coloré et ludique mettant en avant le travail réalisé avec les enfants de la cité, et un côté « nuit » plus sombre, présentant des planches de bande dessinée et des dessins réalisés au fusain.
Cette deuxième partie de l’exposition aborde les thèmes de l’exil, des souvenirs et de la disparition, et notamment celle du bâtiment C.
Pour Jean-Michel Bertoyas l’absence de cet ensemble emblématique de l’histoire de la cité va créer une sorte de trou noir pour les habitants...
Les salles sont reliées entre elles par un « chien boudin de porte » et deux serpents, en tissu, présents tout au long de l’exposition « in situ » dans l’espace public.
Ce travail en volume est un projet participatif et commun avec des habitants du quartier. Josette, la couturière de la cité, a cousu dans des draps achetés à la communauté Emmaüs, les formes qui ont été ensuite remplies de copeaux de livres recyclés fournis par l’Association de réinsertion les 3S, puis peintes par les enfants.
A travers ce projet, l’artiste souhaite rassembler le quartier autour de la conception des structures. Les faisant passer par différentes mains, Jean-Michel Bertoyas pousse les participants à se les approprier et à participer de façon ludique à une création sur ce temps d’évolution du quartier.
La figure du chien «errant» est très présente dans l’oeuvre de Jean-Michel Bertoyas, elle peut symboliser l’attachement qu’il porte au bâtiment C.
Jean-Michel Bertoyas crée également le personnage de « Monsieur Pouf ».
A priori enfantin, ce bonhomme symbolise la surproduction, notamment culturelle, et la sidération qu’elle apporte. Pour le dessinateur : « il est possible de se perdre face au trop plein de productions et d’informations, tout cela crée beaucoup de confusion. Le livre qui a longtemps été un jalon culturel respecté est devenu un objet de consommation qui déborde. C’est triste... La lecture a été écrasée par les écrans. »
L’édition d’une bande dessinée de Jean-Michel Bertoyas également intitulée « Rio Chamiers » est prévue et sera co-éditée par Ouïe/Dire et Les Requins Marteaux, avec le soutien du CNL.