« Quelles relations entretenons-nous avec le vivant ? Peut-on survivre sans l’épuiser ? Quand je pense à la terre, des questions écologiques angoissantes se mêlent aux tendres souvenirs de ma baboushka1 travaillant dans son jardin-forêt luxuriant du sud de l’Ukraine. La main humaine n’est pas seulement destructrice. La paysannerie représente un mode de production où l’impact humain peut même être vertueux pour le monde sauvage. À l’instar du castor construisant des barrages et favorisant les zones humides, la paysannerie a son rôle à jouer dans la biodiversité. Le cœur du projet « Paysannes » est une résidence en immersion auprès de femmes s’inscrivant dans la paysannerie.
En automne 2024, j’ai eu la chance de travailler avec deux maraîchères et une pépiniériste à La Baleine à Bascule à Piégut-Pluviers. En œuvrant avec elles sur leurs exploitations, j’ai pu appréhender leurs quotidiens et engager un dialogue. Différents objets plastiques sont nés de ces échanges.
Je souhaite poursuivre les recherches commencées en automne 2024. Plusieurs pistes méritent d’être explorées, parmi lesquelles :
- Les tissages avec du foin ou de la paille. Peut-être d’autres végétaux. Des morceaux de toiles peintes pouvant également se tisser dans l’objet fini ;
- Rencontrer une bergère, pour le rapport à l’animal, et également la provenance de la laine, structure première des tissages ;
- Poursuivre des séries de sculptures en terre « Outils et Contenants du vivant » ;
- Continuer d’échanger avec Adina Cok, maraîchère rencontrée en automne 2024. Adina a une forte exigence en termes de respect du vivant et particulièrement de la faune sauvage. Cette exigence peut entrer en conflit avec les impératifs de productivité liés à son métier. Ce point de tension cristallise la confrontation de deux idéologies opposées (l’écologie et le capitalisme) et aborde des questionnements cruciaux de la paysannerie. »
1 Grand-mère, en russe
Biographie
Née en Ukraine en 1994, Angelina Pavlova grandit entre l’Ukraine, la Russie et la France. De nombreux déménagements et l’animosité naissante entre ses deux pays d’origine vont questionner son rapport au réel.
Face à la multiplicité des points de vue sur le monde, Angelina cumule les strates de peinture, superposant idées, croyances et espoirs. La figuration lui permet de convoquer les imaginaires et d’espérer questionner les récits individuels. Dernièrement, l’artiste confronte l’état de paix dans lequel elle a la chance de vivre, aux images de presse montrant la guerre dans son pays natal.
Angelina Pavlova porte également le projet « Paysannes » qui lui permet de rencontrer des travailleuses de la terre pour de nouvelles créations.
Elle a obtenu son DNSEP en 2020 à l’Ecole supérieure des beaux-arts de Bordeaux, avec les félicitations du jury.
Angelina Pavlova vit à Sarlat (24).
Site internet d'Angelina Pavlova
Légende visuel © Angelina Pavlova - 2024