Après “Moi, Phèdre” en 2020 et “Marilyn” en 23, le nouveau projet de la compagnie peut s'apparenter au dernier volet d’une trilogie.
Il s’agit, une fois encore, à partir de l’histoire d’un personnage de légende - ces personnages inscrits dans nos imaginaires dont on connait plus ou moins l’histoire - de déplacer le regard afin de l’aborder sous un angle nouveau et, grâce à ce décadrage, créer un nouveau champ d’exploration.
Emma est le prénom de Madame Bovary, la célèbre héroïne de Flaubert, devenue incarnation de la femme malheureuse parce que morte d’ennui, inadaptée à une société petite bourgeoise, enterrée vive dans la terne routine de sa fonction de mère et d’épouse.
On trouve dans ces trois destinées de femmes des thèmes identiques, et en particulier la coexistence problématique du réel et du fantasmé. Chacun de ces personnages (car pour moi, Marilyn est bien le personnage créé par Norma Jeane) doit faire face à sa manière à une confrontation chaotique au monde, à une imagination vive, et à un retour au réel douloureux. Chacune se bat contre un environnement dans lequel elle ne trouve pas sa place. Elles sont, à différentes époques, les représentantes d’un combat intérieur de femmes dont les sentiments ne pouvaient être entendus car ils n’étaient même pas audibles.
C’est donc à l’héroïne de Flaubert que nous allons consacrer notre recherche dans les mois qui viennent, sans chercher à en faire une adaptation plus ou moins fidèle, mais bien une réécriture. J’ai trop d’admiration pour le style de l’auteur pour ne pas céder à la tentation d’utiliser ses mots dans une tentative d’illustration forcément réductrice.
Le projet est d’utiliser l’histoire d’Emma Bovary, mais aussi les résonances de cette histoire dans nos imaginations, comme point de départ d’une nouvelle création.
Compagnie le Glob/Jean-Luc Ollivier
Après une période d’exploration de textes presque exclusivement contemporains (Pinter, Müller, Havel…), Jean-Luc Ollivier s’oriente à partir du spectacle La Couleur de l’Homme qui file (1995) vers des créations plus inclassables entremêlant théâtre, danse et arts plastiques.
Des scénographies imposantes (Blouses en 2000), ou "déambulatoires" (Portraits d’avant la nuit en 2001) deviennent fondatrices de l’œuvre qui se crée. La démarche du metteur en scène rejoint celle d’un auteur-concepteur travaillant la matièremême du plateau ; importance des interprètes, de l’espace, de l’environnement sonore, de la mise en lumière, mais aussi participation des auteurs au processus global de création comme le firent Eugène Durif pour Blouses, Sophie Avon pour Vers une géométrie sentimentale ou le bosnien Safet Plakalo pour La Chambre des Visions en 2003. Depuis 1999, la compagnie a noué des liens artistiques et humains forts avec le SARTR/Théâtre de guerre de Sarajevo, développant une collaboration qui s’est traduite par une mobilité des artistes et des œuvres. Echanges de spectacles, mais aussi coproductions comme pour La Chambre des visions (Soba od visjie), spectacle franco-bosnien créé à Bordeaux puis en tournée en Bosnie-Herzégovine et en Slovénie en 2003. En 2006, le SARTR propose à JL. Ollivier de créer un spectacle dans le cadre du festival international MESS. Ce fut Oblacna Nebesa (Ciels Sombres), repris dans le cadre de Novart à Bordeaux. Ce spectacle, inscrit au répertoire du SARTR, a tourné de 2006 à 2009 en Bosnie-Herzégovine.