La ville de La Roche-Chalais a engagé la réhabilitation de la place du Puits qui chante, la place centrale placée au carrefour de la commune. A cette occasion, la municipalité a décidé d’intégrer de façon permanente dans l’espace public, une œuvre originale inspirée des caractéristiques particulières de la commune, et notamment de sa situation géographique qui s’étend entre la rivière Dronne et la forêt de la Double, aux confins de la Charente, la Charente-Maritime et la Gironde. La ville a ainsi lancé en 2024 une commande publique à destination d’un artiste néo-aquitaine. Le projet « Au carrefour des mondes », qu’a proposé Jérémie Rigaudeau, artiste résidant en Dordogne a été sélectionné.
L’ œuvre « Au carrefour des mondes »
L’ œuvre est une installation qui propose de jouer avec les codes de signalisation directionnelle tout en s'appuyant sur la présence du méridien de Greenwich, un lien autant réel que symbolique. La ville de La Roche-Chalais a une double particularité, elle fait partie des rares communes traversées par cette longitude 0° et se situe à la latitude 45 °, à l'exacte moitié de l'hémisphère nord. […]Cette œuvre aux fléchages qui s'enchevêtrent, indiquant tour à tour la Dronne, la Double, la Lune, l’équateur, les îles Fidji,… interroge les notions de distances, destinations réelles ou supposées. Elle nous repositionne sur un territoire plus vaste, une seule et même planète, complexe, fragile et diversifiée. Elle renvoie à notre besoin de découvrir le monde, d'aller vers l'ailleurs et aussi à notre époque où les frontières se referment, et où les territoires se fractionnent. C’est également l’évocation de terres lointaines qui subissent plus rapidement que nous le changement climatique. »
Jérémie Rigaudeau, juin 2024
Illustrateur et plasticien, Jérémie Rigaudeau est né en 1985, il vit au Buisson de Cadouin (24)
https://jeremierigaudeau.fr/
Démarche de l’artiste
SAISIR ET QUESTIONNER L’ORDINAIRE
« Observer le quotidien en questionnant la « normalité », ses effets et ses limites pour en prendre le contrepied. Telle est la ligne de force de Jérémie Rigaudeau, formé à l’Ecole des Beaux-Arts d’Angers, qui recherche, dans chaque discipline plastique ce basculement entre le réel et l’absurde. Ses dessins et ses installations permettent de nouer un dialogue intrinsèque avec ces notions normatives provoquant interrogations et interpellations, éléments moteurs de sa création. Comment bousculer ces concepts, jouer avec, les rendre plus visibles, plus lisibles? Cet artiste tente d’y répondre en explorant le réel par un mode de représentation riche en dérision, en ironie et en détournement. Rien n’est gratuit. Tout est habilement pointé à la mine en amont avant de s’emparer de l’espace public, son terrain de jeu privilégié. Il réinterroge, hors des champs d’exposition habituels, les codes de compréhension et de perception en créant des images, des balises aux frontières du non-sens. Un jeu perpétuel teinté d’absurde créant une mise en abyme de notre propre conception rationnelle du monde. […]
Dans ce dialogue et ce regard constant et discret sur la société, cet artiste pluriel, cherche, par l’appropriation de l’art contemporain, à (re)créer, dans son ensemble, différents degrés de lecture. Une production éclectique où chacun peut, à sa guise, jouer avec sa propre imagination et nourrir son environnement, sa conscience d’un monde à réinventer. »
Laura Heurteloup, Journaliste Culture